Perçue en Chine comme l’expression du prestige, l’ivoire abonde les marchés, alimentant le trafic transcontinental de cette essence. Au monde, ce pays figure parmi les plus grandes plaques tournantes de ce commerce.
Tant que la conservation et la répression en direction des braconniers et de leurs complices trafiquants d’ivoire ne seront pas accentuées, il sera difficile de lutter contre le trafic d’ivoire au monde et particulièrement en Chine. C’est ce qu’estimait il y a quelques années, Zhang Minhui, un artiste chinois d’ivoire dans les colonnes du Guardian.
Pour ce dernier, le travail de lutte contre le trafic d’ivoire qui alimente les marchés noirs en Asie, particulièrement en Chine, doit être accentué au niveau de l’Afrique. « Oui, les éléphants devraient être protégés, tout comme la tradition et l’art de la sculpture sur l’ivoire », déclarait-t-il. Pour trouver le juste milieu entre conservation et maintien d’une tradition ancestrale, Zhang Minhui invitait à se focaliser sur les ivoires issus d’éléphants morts naturellement. « Honnêtement, nous les artistes n’avons pas besoin de beaucoup de défenses. Celles issues des décès naturels des éléphants sont plus que suffisantes pour nos œuvres de création… », faisait-t-il constater.
Zhang Minhui faisait mention de cette position sur l’avenir des marchés d’ivoire en Chine. Voués à une fermeture certaine, la Chine jusqu’à il y a quelques années encore était une plaque tournante du commerce des ivoires, alors que la législation internationale l’interdit depuis 1990. Environ 67 établissements agréés étaient jusqu’à un passé récent consacrés au commerce de l’ivoire. Les petits détaillants se comptent par centaine.
Symbole de prestige, la demande d’ivoire est particulièrement élevée au sein de la classe moyenne et dans la haute société chinoise. Sculptures en ivoire, baguettes et les bijoux sont en effet perçus comme un signe ostentatoire d’aisance. Le penchant pour cette essence aurait dû prendre fin en 2017, alors que le Gouvernement chinois avait annoncé son intention de fermer sa première manufacture d’Etat d’objets en ivoire. Mais la recrudescence du trafic de l’ivoire en Afrique, notamment au Gabon, destiné au marché asiatique dont chinois montre dans une moindre mesure l’échec de cette décision.
Au niveau mondial, la lutte contre ce trafic nécessite une démarche transcontinentale visant une répression en amont et en aval.
Michaël Moukouangui Moukala