A l’initiative du gouvernement britannique, la région bassin du Congo va bénéficier d’une enveloppe de près de 8 milliards de francs CFA pour la recherche scientifique. Ce fonds s’inscrit dans le cadre d’un programment de recherche d’envergure visant à mieux comprendre le fonctionnement de cet important puit de carbone longtemps relayé au second plan par rapport à l’Amazonie.
Retombées directes de la COP29 qui vient de s’achever à Bakou, en Azerbaïdjan, l’annonce de ce financement vient changer la direction souvent empruntée par les financements internationaux consacrés à la recherche scientifique sur la dynamique des forêts à travers le monde. Pendant longtemps, l’Amazonie a été la région qui a capté la grande majorité de ces financements, au détriment de l’Asie et du bassin du Congo. C’est le cas du programme The Large-Scale Biosphere-Atmosphere Experiment in Amazonia (LBA) qui durant des années, a mobilisé des centaines de chercheurs pour un coût total de 200 millions de dollars.
De manière presqu’inattendue, la donne vient de changer avec l’annonce par le gouvernement britannique d’un financement de près de 12 millions de dollars, soit près de 8 milliards de francs CFA en faveur de l’initiative pour le bassin du Congo. Si ce montant peut paraitre dérisoire par rapport aux fonds alloués à l’Amazonie, pour les observateurs écologiques c’est déjà un début. « Tout le monde a compris qu’il faut investir dans la science. Les forêts africaines demeurent les moins bien étudiées malgré leur rôle crucial dans la régulation du climat. Pour comprendre les impacts actuels du réchauffement et anticiper l’avenir, nous avons besoin de données scientifiques », se félicite Raphaël Tshimanga, professeur à l’université de Kinshasa et coprésident – avec Simon Lewis (Université de Leeds) – d’ISBC.
Cette modeste contribution intervient dans un contexte de marginalisation financière du bassin du Congo, alors que parallèlement, la région joue depuis 2020, un rôle crucial dans la séquestration du carbone comparativement à celle de l’Amazonie en dépit de la déforestation galopante. Cette comparaison repose sur les mesures de biomasse présente dans 565 parcelles de quelque 1 hectare de forêts dites intactes, réparties en Amazonie et en Afrique et réalisées à intervalles réguliers sur une période de trente ans jusqu’en 2015.
L’un des objectifs d’ISBC est d’effectuer une nouvelle campagne de relevés dans le bassin du Congo. « Ce sont des missions coûteuses et difficiles car il faut atteindre des parcelles situées dans des zones reculées et mesurer tous les arbres dont le diamètre est supérieur à 10 cm pour en déduire ensuite le carbone stocké. Tous les scientifiques s’interrogent. La forêt africaine suit-elle le chemin de l’Amazonie ? », explique Adeline Fayolle, spécialiste de l’écologie des forêts d’Afrique centrale.
Séraphin Lame