Ville minière abritant la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog), entreprise spécialisée dans l’extraction du manganèse, Moanda est victime depuis plusieurs années, des incendies volontaires qui polluent l’atmosphère, compromettent l’équilibre de la biodiversité et détruisent équipements et matériels.
Si vous effectuez le voyage pour la ville de Moanda, dans la province du Haut-Ogooué ou si vous vous y trouvez actuellement, impossible de ne pas tomber sur ce phénomène qui en plus de constituer un danger pour la population, les équipements et autres installations, détruit plaines, forêts jouxtant la ville avec toutes les conséquences imaginables sur la faune.
Ces feux, a-t-on appris, sont l’œuvre des agriculteurs qui, en cette période de saison sèche, pratiquent le brûlis pour apprêter leurs champs ou plantations. L’objectif de cette pratique est d’éliminer totalement l’herbe séchée après débroussaillage, afin de rendre nu les espaces de culture et d’enrichir les sols. Il s’agit en effet d’une tradition ancestrale pratiquée par les peuples bantous d’Afrique centrale sur des petits espaces.
Située dans une cuvette entourée de plateaux, la ville de Moanda comprend trois grands types de relief, dont la plaine abondante qui compose la géomorphologie de celle-ci. Ce relief constitue un véritable brasier naturel. Raison pour laquelle chaque fois que des feux sont déclenchés dans la ville, les maîtriser relève parfois de l’impossible. « Chaque année en saison sèche, c’est comme ça. Les gens allument des feux sans parfois le savoir. D’autres l’utilisent pour préparer leurs champs et après ils n’arrivent pas à le maîtriser et ça entraîne des dégâts », a-t-on appris d’un ressortissant.
Conséquence de part et d’autres de la ville, des foyers de feu enclenchés par l’homme se sont propagés dans la ville, détruisant plaines, polluent l’atmosphère non sans constituer une menace aussi bien pour l’homme que pour la faune existante, dont les rongeurs, reptiles et insectes qui vivent dans ce milieu. Les habitations, équipements et matériels industriels ne sont pas épargnés.
A Comilog, ces feux ont endommagé les câbles de la fibre optique et incendié une base de stockage du matériel de la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG). Plusieurs transformateurs, câbles électriques et autres matériels valant plusieurs millions de francs CFA ont été détruits. Une véritable perte.
De nombreux habitants déplorent que les auteurs de ces feux ne maîtrisent pas parfois les conséquences que cela peut avoir. D’autres y soupçonnent cependant des sabotages en direction de la Comilog. Cette situation doit amener les autorités de la ville à sensibiliser les agriculteurs pour limiter les dégâts tels que c’est le cas ici.
Séraphin Lame