Pour impliquer davantage les communautés locales à la gestion durable de la faune et de la flore, des études scientifiques et sociales sont actuellement menées sur les sites de Boumango-Leconi, Mont-Fouari, Mabanda, Moulengui Binza, Mayombe et Mékambo pour déterminer s’il faudra ou non classifié quatre de ces zones en aires protégées. Réalisées sous la bannière du projet CAFI 2, la classification de cette catégorie dépendra des résultats du terrain et de la décision finale du Gouvernement.
Financé par le Central African Forest Initiative programme (CAFI) dans sa phase 2 et soutenu par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le travail effectué actuellement par les équipes de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) vise à réaliser dans les zones cibles, un inventaire des ressources naturelles (IRN), une cartographie participative et des études socio-économiques. Des préalables obligatoires qui permettront au plus hautes autorités d’avoir les données nécessaires pour procéder ou non à la création de nouvelles protégées au Gabon.
Les catégories « Réserve naturelle » et « Aire Protégée Communautaire » sont les plus ciblées. « Il ne s’agira plus de parcs nationaux. Ce type d’aire protégées a déjà montré ses limites en termes de plus-value », laisse entendre le Prof. Stéphane Ntie Ella, Conseiller scientifique à l’ANPN. En effet, après 22 ans des parcs nationaux, l’idée pour le Gabon est de migrer vers des modèles de conservation participatifs qui font la jonction entre la préservation de la biodiversité et l’implication des communautés locales dans ce processus. « L’objectif pour le gouvernement est d’opter pour un type d’aire protégée qui apportera le maximum de plus-value aux communautés locales qui vivent immédiatement à proximité », rétorque le Conseiller scientifique.
Envisager le classement de quatre nouvelles aires protégées au Gabon, c’est répondre à des engagements spécifiques. Pour Guy-Rostand Nteme, le Coordonnateur du programme CAFI 2, pas question cependant de prendre pour acquis cette possibilité. Car selon lui, il faudra attendre l’aboutissement des phases de consultations locales, la collecte de données sur la biodiversité, les réflexions et discussions pour être définitivement fixé. « La décision appartiendra au gouvernement », lâche-t-il.
Si ce processus aboutit, la création de ces aires protégées qui alliera préservation de la faune et de la flore et implication des communautés sera une occasion pour ces dernières de mieux bénéficier des retombées de la conservation et de faire partie de la décision lorsqu’on parlera de préservation de la biodiversité au Gabon. Ce modèle qui s’apparentera à la foresterie communautaire dans le domaine de la foresterie permettra de responsabiliser les communautés en les autonomisant. Mais cette fois-ci, à l’intérieur des aires protégées.
Il faut dire que depuis leur création en 2002, les parcs nationaux n’ont pas vraiment contribué à améliorer la vie des communautés dans l’arrière-pays comme cela est visible ailleurs. Bien au contraire, les parcs nationaux se sont érigés comme des véritables boucliers écologiques en privant les populations de l’accès aux ressources naturelles. Avec ce nouveau modèle d’aires protégées, il s’agira de changer cette donne.
Concessif, Ladislas Désiré Ndembet qui est un militant écologiste, président de l’ONG Muyissi Environnement installé dans la province de la Ngounié craint cependant que la matérialisation de ce projet soit un bis-repetita de l’expérience de la foresterie communautaire dans lequel les communautés n’ont pas vraiment saisi les enjeux de la mise en place de ce modèle de foresterie. Il en veut pour preuve, l’immaturité des communautés dans l’expérience des forêts communautaires. « L’idée est bonne, mais malheureusement l’implication des communautés pose problème. Il serait surtout intéressant que ces communautés s’impliquent en tenant compte des enjeux internationaux et nationaux visant à la conservation de notre patrimoine forestier. Surtout, qu’elles comprennent que derrière, c’est un engagement à la lutte contre les changements climatiques », explique-t-il.
Une dose de sensibilisation sur les enjeux et défis liés à la mise en place de ces aires protégées, si le projet est validé par le Gouvernement, serait donc nécessaire à sa consolidation.
Michael Moukouangui Moukala