La Journée mondiale de la biodiversité, célébrée chaque 22 mai, consacre cette année son énergie autour de la nécessité de l’action des différentes parties (« Faites parties du Plan ») pour inverser la perte de la biodiversité dont les estimations selon le GIEC, sont évaluées à un million d’espèce animales et végétales sont en danger.
Peut-on vivre sans plantes, animaux ou micro-organismes, ces composantes de la biodiversité ? Si la réponse à cette question est négative, et pourtant, l’humanité semble très peu se préoccuper du déclin de ces composantes de la biodiversité dont les prévisions de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) annonçaient déjà en 2019, la première crise d’extinction massive des animaux et des plantes depuis la disparition des dinosaures il y a 65 millions d’années.
Selon les estimations de cette entité, environ un million d’espèces animales et végétales sont en danger. Dans ce présage chaotique, bon nombre des ressources sont surexploitées, soit 12% des espèces d’arbres et 1341 mammifères sauvages. « La nature décline globalement à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine », faisait remarquer le GIEC dans son rapport, faisant également constater que « le taux d’extinction des espèces s’accélère, provoquant dès à présent des effets graves sur les populations humaines du monde entier ». Les coupables : l’exploitation abusive des ressources et la surconsommation de masse.
La thématique de cette année est un appel à l’action pour toutes les parties prenantes afin d’arrêter et d’inverser la perte de biodiversité en soutenant la mise en œuvre du Cadre mondial pour la biodiversité Kunming-Montréal, également appelé Plan pour la biodiversité. Alors que ce plan offre des possibilités de coopération et de partenariat entre divers acteurs, décideurs politiques, gouvernements, peuples Autochtones et communautés locales, organisations non gouvernementales, législateurs, entreprises et particuliers, ces derniers sont par ailleurs encouragés à souligner la manière dont ils soutiennent la mise en œuvre du plan en faveur de la diversité biologique. Chacun ayant un rôle à jouer et faisant donc partie du plan.
Cela, afin de renforcer l’élan de visibilité à l’approche de la 6e réunion de la Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique (COP 16), qui se tiendra en Colombie du 21 octobre au 1er novembre 2024. Sachant, que les ressources de la diversité biologique sont les piliers sur lesquels les civilisations humaines ont été bâties. Le poisson par exemple constitue 20% des protéines animales pour environ 3 milliards de personnes. Plus de 80% du régime alimentaire humain est constitué de plantes, et jusqu’à 80% des personnes vivant dans les zones rurales des pays en développement dépendent des médicaments traditionnels à base de plantes pour leurs soins de santé de base.
Selon l’ONU, la perte de la biodiversité menace tout le monde, y compris notre santé. Il a été prouvé, ajoute l’organisme, que l’appauvrissement de la biodiversité pouvait favoriser l’expansion des zoonoses, des maladies transmises de l’animal à l’être humain, alors qu’à l’inverse, si nous conservons la biodiversité intacte, elle offre d’excellents outils pour lutter contre des pandémies telles que celles causées par les coronavirus.
Au Gabon, cette crise est bien réelle, puisque selon les résultats d’une récente étude sur « Les écosystèmes menacés du Gabon », 300 espèces d’arbres pourraient disparaître si rien n’est fait. Cette strate écologique n’est pas la seule. Compte tenu des changements climatiques, de leur effet sur la fructification des arbres, du braconnage et d’autres facteurs, la survie des éléphants de forêt est également menacée. Les grands singes, tels que les Chimpanzés et les Gorilles des plaines de l’Ouest sont classés dans la liste rouge de l’UICN. Si cette liste n’est pas exhaustive, elle rappelle que le déclin de la biodiversité touche tous les pays. Même les pays modèles tels que le Gabon dont le territoire est occupé à près de 90% de forêts et qui héberge environ 95 000 éléphants. Il est donc primordial d’agir pour inverser cette tendance.
Michaël Moukouangui Moukala