Engagés depuis plusieurs années dans un partenariat pour la gestion durable des forêts au Gabon via le mécanisme de certification, experts de l’administration des Eaux et Forêts, du Forest Stewarship Council (FSC), du secteur privé, des ONGs et associations prennent part depuis hier, mercredi 13 mars 2024, à un atelier consacré à l’adoption du projet de feuille de route sur la généralisation de la certification forestière au Gabon.
Alors que cet atelier s’achèvera demain, vendredi 15 mars 2024, il marque une étape importante dans le processus de certification forestière au Gabon. Un processus qui débute il y a plusieurs années, mais qui se veut généralisé à partir de septembre 2018 avec la décision des hautes autorités de Mevang, de certifier l’ensemble des concessions forestières du pays.
A titre indicatif, notons que des 23,59 millions d’hectares de forêts que compte le Gabon, un plus de 14 millions sont consacrés aux concessions forestières. Comme de nombreux pays, malgré l’existence d’un cadre réglementaire consacrant la gestion durable des forêts par la mise sous protection de 37% du territoire, les défis liés à la déforestation et la dégradation sans cesse croissante des écosystèmes forestiers sont toujours aussi importants et visibles.
Pour contrer cette menace, le Gabon en 2001 via le Code Forestier, a adopté l’aménagement comme outil de gestion durable de la forêt. « Pour renforcer au mieux la conformité des normes de durabilité en vue de faire face à un marché international du bois exigeant dorénavant des produits de source légale et de forêts durablement gérées, la certification, va faire savoir le directeur général des Forêts, Hugues Mouidy Bougoue, va être choisie pour assurer la protection de nos forêts mais aussi le renforcement de la crédibilité du bois gabonais sur les marchés internationaux, ouvrant selon le directeur général, la voie à des nouvelles opportunités économiques.
Pour le Gen. Maurice Ntossui Allogo, ministre des Eaux et Forêts, si la certification forestière est un outil essentiel dans la gestion durable des forêts (…), sa généralisation est considérée comme un catalyseur susceptible de permettre de renforcer le positionnement du Gabon sur le marché international, et d’améliorer sensiblement la contribution du secteur forêt-bois à l’économie nationale. Le Ministre voit en ce processus réglementaire, un excellent moyen pour assurer la traçabilité de nos produits forestiers, et contribuer ainsi à mettre un terme à l’exploitation illégale de nos ressources forestières et à améliorer l’accès des produits forestiers certifiés « bois du Gabon » dans les marchés de référence.
Insiste-t-il, « cette feuille de route est le fruit d’un travail participatif impliquant tous les acteurs de l’administration forestière, les organisations non gouvernementales, des représentants du gouvernement, du secteur privé, des organisations de la société civile et des communautés locales. Elle repose sur les principes de transparence, d’inclusivité et de durabilité, et elle reflète notre engagement commun envers la préservation de nos forêts. »
Après des mois de discussions techniques et d’engagement des parties prenantes, elle est aujourd’hui présentée à toutes les parties prenantes concernées pour retour d’information et validation à l’occasion de l’étaler lancé hier, mercredi 13 mars. Cette collaboration pluri-partie marque une étape importante dans la quête du Gabon pour une gestion durable des forêts. Pour le FSC, elle symbolise un grand aboutissement.
« Nous sommes convaincus que la feuille de route peut servir les forêts du Gabon et contribuer de manière importante à l’objectif de gestion forestière responsable », fait remarquer Kim Carstensen, le directeur général FSC international. Ce dernier est sûr de ce que la collaboration entre le ministère des Eaux et Forêts, les autres parties prenantes et son entité permettra de pouvoir assurer une gestion responsable et la protection des forêts du Gabon.
La généralisation de ce processus permettra en effet de garantir au Gabon un avantage concurrentiel de ses produits forestiers sur les marchés internationaux et la prise en compte de tous les services écosystémiques. Notons pour bien comprendre les enjeux qui se cachent derrière cet effort de gestion durable des forêts que depuis 2010, le Gabon a interdit l’exploitation des grumes sans première transformation. Depuis cette année aussi, le pays s’est doté d’une zone industrielle (Nkok) entièrement consacrée à la transformation de bois en produits finis. L’Asie et l’Europe sont les marchés phares des produits du Gabon. Cependant, il se trouve que depuis quelques temps, l’Europe émet des restrictions aux produits n’ayant pas bénéficié d’une gestion responsable.
Michaël Moukouangui Moukala