A Booué, petite ville située dans la province de l’Ogooué-Ivindo, Chef-lieu du département de la Lopé, un chimpanzé sème la panique depuis quelques semaines. Ce fait divers, qui met en relief la problématique du Conflit homme-faune (CHF) au Gabon, survient quelques jours seulement après qu’un individu de la même famille d’animaux ait été abattu à Mouila, capitale provinciale de la Ngounié.
Peur sur la ville de Booué depuis qu’un chimpanzé se balade tranquillement. L’apparition de ce singe remonte selon une source habitant la ville à une semaine. L’imposant singe aurait fait son apparition pour la première fois de l’école publique située au quartier Beau-Séjour. C’est un lieu peu habité, entouré de broussaille donc, propice à une éventuelle échappée d’animal de leur milieu de vie.
Après avoir été aperçu chez le Préfet de la ville, dans la partie centre de Booué, une ménagère travaillant à l’hôpital public a eu la malchance, alors qu’elle allait au travail, de tomber sur cet imposant singe. Prise de peur, la technicienne de surface n’a eu d’autre choix que de prendre ses jambes à son compte. Dans l’élan de sa fuite, elle trébuche, tombe et se blesse. Alors que les spéculations vont bon train sur cette rencontre, I.P, habitant la ville de Booué au quartier TP relate que l’animal n’a jusqu’à présent blessé personne.
« Il se balade ! Avant-hier (vendredi), il était à la résidence du Préfet assis… L’infirmière a eu la malchance, alors qu’elle partait au travail de tomber nez à nez avec le chimpanzé. Prise de panique, elle a voulu courir et tomba », confirme notre source. Ajoutant que l’animal n’a encore fait de mal à personne.
A Booué, quoique l’animal n’a encore réellement fait de mal à personne, sa présence dérange et est source de panique et de peur. Si lors de ses apparitions, le singe est constamment chassé, d’après certaines rumeurs sur place, les autorités sont en quête d’une solution pour régler ce problème. Toute chose qui reste cependant à confirmer.
Après Mouila il y a quelques jours où un animal de la même famille semait la terreur et Koula-Moutou en 2022 où une panthère s’illustrait de la meme manière, de plus en plus, la frontière entre le milieu de vie des humains et celui des animaux a raccourci au Gabon. De nombreux scientifiques, chercheurs et experts mettent cela à l’actif du braconnage, de l’exploitation forestière abusive et des changements climatiques qui modifient la configuration des paysages forestiers et accablent les animaux de leurs moyens de subsistance. C’est-à-dire les fruits et autres herbes.
En 2020, une étude menée par des chercheurs dans le parc national de la Lopé, au Gabon, et publiée dans la revue britannique Science, a établi la corrélation entre la masse corporelle des éléphants de forêt et la fructification dans les forêts tropicales humides. Cette étude a notamment montré que, du fait des changements climatiques, la fructification dans ces écosystèmes particuliers a diminué de 81% entre 1986 et 2018, soit au cours de 32 ans. Les éléphants et les gorilles partagent quasiment la même alimentation. C’est ici le lieu de reconnaittre le lien susceptible d’expliquer la présence de cet animal en ville. Même si d’autres facteurs doivent être ajouté pris en compte.
Au Gabon, la problématique du Conflit homme faune (CHF) n’a pas fini de faire parler d’elle. En début de week-end, alors qu’il procédait à l’inauguration de la 500e clôture électrique mobile de l’ONG Space For Giants au bénéfice des populations des villages Ayémé-Bokoué et Agricole regroupés au sein de l’association « Nous-mêmes-Nous-mêmes », le Général Maurice Ntossui Allogo, ministre des Eaux et Forêts, rappelait avec insistance, l’impact des facteurs énumérés plus haut dans la persistance du Confli homme-faune au Gabon.
Nous y reviendrons…
Michael Moukouangui Moukala