Au Gabon, les petits exploitants d’or peuvent désormais reprendre leurs activités, alors que le ministère a annoncé la levée des restrictions entourant ce secteur. Pour les entreprises forestières, cette décision pourrait avoir des revers écologiques.
Après cinq ans de restriction, le Gouvernement a ouvert début septembre, l’activité d’orpaillage aux exploitants. Pour le Gouvernement, l’un des enjeux de cette décision est de « contribuer au développement local et favoriser l’autonomisation des foyers en zone rurale, mais également susciter l’intérêt des nationaux aux métiers de l’or ». Pour accompagner les exploitants nationaux, l’institution dirigée par Raymond Ndong Sima « s’engage à accompagner tous les acteurs du secteur artisanal dans le processus de valorisation de l’or et de ses dérivées, dans une exploitation maîtrisée et responsable, répondant aux normes et exigences environnementales, et au cahier de charges de l’administration ».
Chez les exploitants forestiers, la promesse d’une exploitation d’or « maîtrisée et responsable » ne fait pas l’unanimité. Pour les ténors du secteur forestier tels que Rougier Gabon, les activités d’orpaillage ne sont souvent pas compatibles avec les mesures de protection de l’environnement. Les chiffres plaident Presque unanimeent en faveur de cet argument.
En plus de détruire les écosystèmes et les ressources naturelles indispensables, les activités d’orpaillage conduisent chaque année à la libération d’environ 200 000 tonnes de carbone dans l’atmosphère. Le Gabon n’est pas à l’abri de ces conséquences, alors que dans les forêts de ce pays, écume chaque année des trafiquants illégaux d’or et des exploitants qui se passent souvent volontiers du respect des règles de préservation de l’environnement.
Leur déploiement contribue en effet à la dégradation des rivières et de la biodiversité avec un effet sur les amphibiens et les mammifères. Pour ce faire, souligne un responsable de la société, « on a besoin d’être rassurés et mis à contribution ». Pour ce dernier, cette prise de position face à une activité visiblement toxique ne consiste pas à « bloquer » son développement mais à obtenir des garanties pour prévenir les dommages que cela pourrait avoir sur l’environnement.
Si le ministère des Mines est conscient de ce défi, sa démarche qui vise tout aussi un objectif de résilience écologique ne sera pas pour autant irréprochable.
Séraphin Lame