Adopté en 2021 par le Gouvernement, le projet de loi relative à la lutte contre les pollutions par les plastiques à usage unique en République gabonaise fait ses pas. Ce jour, jeudi 30 mars 2023, lors d’une Commission ad hoc à l’Assemblée nationale, les responsables des ministères de l’Economie et des Eaux et Forêts ont été auditionnés à ce sujet.
Effet du hasard, cette audition intervient alors que se tient ce jeudi 30 mars 2023, la 1ere journée internationale du Zéro déchet. D’après un haut responsable du ministère des Eaux et Forêts, ce projet de loi qui attire l’attention des Députés est d’une nécessité, car selon lui, il « vise à doter notre pays d’un cadre légal robuste en matière de lutte contre les plastiques à usage unique et qui permettra de favoriser le développement d’alternatives à ces produits ».
Figurant parmi les maux qui menacent l’équilibre des écosystèmes à travers la planète, les déchets, selon le ministère des Eaux et Forêts, favorisent en effet la perte de la biodiversité, la dégradation de la nature et la pollution. Si le Gabon est particulièrement touché par le fléau des déchets plastiques, il faut savoir que le pays produit selon les données d’une enquête, 0,45 kg de déchets (solides) par habitant et par jour, soit une production quotidienne totale de 388 000 kg de déchets solides. Dans le pays, environ 34 % des déchets solides produits sont mal gérés. Parallèlement, les déchets plastiques représentent 12 % des ordures ménagères, avec un taux de production quotidien d’environ 46 000 kg.
Motivé par l’élection de l’actuel président de la République, Ali Bongo Ondimba, le pays a pris comme résolution en 2010, d’interdire l’importation et la commercialisation des sacs en plastique non recyclables. En 2015, le Plan d’opération vert du Gabon a également été introduit. Ce plan appelle spécifiquement à l’application des principes de l’économie circulaire dans la promotion des filières de recyclage des déchets.
Si ces mesures ont été jugées nécessaires dans le processus de lutte contre la pollution, notamment plastique, il y a aujourd’hui que le problème demeure toujours d’actualité. En 2021 par exemple, sous la houlette de plusieurs entités publiques, dont la Mairie de Libreville, le Haut-Commissariat à l’environnement et au cadre de vie (HCECV), le « Challenge bouteilles plastiques » avait permis de collecter près de 4 millions de bouteilles plastiques en seulement dix jours. Ce dire combien le mal de la pollution est profond. Celui-ci tient cependant de plusieurs facteurs. Parmi lesquels : l’absence de législation rigoureuse dans le domaine de la lutte contre les plastiques, l’incivisme des populations et la quasi inexistence d’une industrie de recyclage du plastique à l’échelle nationale.
En plein dans le pipeline du Parlement, l’émancipation d’une loi dans ce domaine serait d’un apport considérable pour juguler cette préoccupation nationale. Surtout qu’il devrait engager la responsabilité des producteurs et celel des consommateurs face à la prolifération des polluants, notamment plastiques. Son annonce se présente pour ainsi dire comme le début d’une solution longtemps recherchée par le Gabon.
Michaêl Moukouangui Moukala