Sous ses airs de colosse un peu pataud, ce cousin actuel du mammouth cache une profonde intelligence et un cœur au moins aussi grand. Saviez-vous que le pachyderme connu pour sa mémoire légendaire était aussi capable de comprendre le langage des humains ?
Tu as peut-être déjà entendu l’expression, « avoir une mémoire d’éléphant » ou « se comporter comme un éléphant dans un magasin de porcelaine ». Cette dernière, si tu l’as déjà entendue, c’est peut-être que toi ou quelqu’un d’autre a fait preuve de… maladresse. Car oui, laisser entrer un éléphant dans un magasin de porcelaine, c’est risqué, et même, très risqué. L’éléphant est en effet le plus grand mammifère terrestre. Il peut mesurer jusqu’à 4 mètres de hauteur et peser jusqu’à 6 tonnes. Herbivore, il se nourrit de plantes, de feuilles, mais raffole également de fruits et d’écorces d’arbres. Ce colosse a une espérance de vie de 60 ans en moyenne, mais une éléphante indienne – affectueusement surnommée Gaja Muthassi, ce qui signifie « Grand-mère Éléphant » – a vécu jusqu’à l’âge de 88 ans. Ainsi, tout est possible avec l’éléphant ! Et tu n’es pas au bout de tes surprises.
Ce drôle d’animal est facilement reconnaissable. Il a de grandes oreilles, une trompe qui lui sert à respirer, à sentir et à se saisir des objets, et parfois à s’asperger de boue – c’est bon pour sa peau ! -, ou d’eau, ou encore à asperger les autres ! Eh oui, l’éléphant peut être farceur même si ses grandes défenses, ces longues dents qui surgissent des deux côtés de sa bouche, peuvent parfois lui donner un air… féroce. Ces défenses ne servent pas uniquement à se défendre, comme leur nom l’indique. Elles sont aussi de véritables outils. Que ce soit pour Loxodonta africana qui habite la savane africaine, ou pour Loxodonta cyclotis, l’autre éléphant d’Afrique qui, lui, préfère les forêts tropicales humides. Elles lui servent à creuser, à débroussailler, ou encore à arracher l’écorce des arbres pour en atteindre la partie la plus savoureuse. Et ce n’est pas l’éléphant d’Asie, de son nom latin Elephas maximus, qui peuple les forêts tropicales humides de l’Asie du sud-est, qui dira le contraire !
D’ailleurs, sa relation avec les arbres va plus loin encore, car où qu’il vive, l’éléphant joue un rôle écologique majeur. C’est-à-dire qu’il participe au développement et à la survie des autres espèces qui l’entourent. Il est en effet un « architecte des paysages » qu’il transforme sur son passage. En cherchant de la nourriture, il abat une partie de la végétation et sème – grâce à ses excréments ! – les graines qui feront les plantes et les arbres de demain.
Malheureusement l’éléphant, d’Afrique et d’Asie, est à présent menacé d’extinction. Ses belles défenses et l’ivoire qui les constitue, sont convoités par les braconniers. Ces chasseurs traquent illégalement les éléphants pour revendre ensuite leur ivoire à prix d’or. Mais le braconnage n’est pas la seule menace qui pèse sur ce pachyderme. Son habitat est souvent victime de déforestation, c’est-à-dire que l’on y détruit les forêts sauvages pour y faire pousser d’autres plantes que consomment les humains, comme le palmier qui donne l’huile de palme dont tu as peut-être déjà entendu parler. L’urbanisation – c’est le nom qu’on donne au processus par lequel les villes s’agrandissent en empiétant parfois sur la nature – met également sa survie en péril. Eh oui, bien qu’il soit une force de la nature, l’éléphant est un être vivant dont la survie est fragile. Et pourtant, malgré ses airs de géant préhistorique un peu pataud, il est doté d’une incroyable intelligence et d’une grande sensibilité. Pour en apprendre plus, partons à sa rencontre !
Le comportement des éléphants
Voilà, nous y sommes. En plein cœur de la réserve de Samburu, au nord du Kenya. Vivent ici, au milieu des hautes herbes de la savane africaine, parmi les zèbres et les girafes, plusieurs groupes d’éléphants. On peut les entendre barrir. Car oui, les éléphants barrissent pour s’exprimer. Leurs groupes sont constitués de femelles et de leurs petits. Tu peux les apercevoir, en file indienne, agripper la queue de leurs mères avec leur trompe ! Les adultes mâles vivent pour leur part seuls, et rejoignent parfois un groupe ou un autre. Au sein des groupes d’éléphants, c’est la femelle la plus âgée qui prend les décisions importantes et transmet ses connaissances : c’est la matriarche ! Quant aux autres, ils ont chacun leur rôle dans leur communauté : voilà le signe d’une intelligence sociale complexe !
Mais continuons notre enquête ! Car l’organisation sociale des éléphants se base sur leurs capacités de communication extraordinaires ! S’ils communiquent principalement par vocalisations, par des grondements qu’ils émettent, les éléphants sont aussi en mesure de communiquer… avec leurs pieds ! Non non, ce n’est pas une blague, en grondant les éléphants émettent des ondes, des vibrations qui font trembler le sol, et qu’ils captent par les pieds. De par cette faculté, ils peuvent se transmettre des messages sans se voir ni s’entendre, car ce qu’on appelle les infrasons peuvent voyager sur de très grandes distances.
Dans cette réserve de Samburu où nous nous trouvons, leur comportement a également été observé à la suite du décès d’une des matriarches, nommée Victoria. Lorsqu’elle s’est allongée, pour rendre son dernier souffle, les autres éléphants de son groupe l’ont entourée, ont montré des signes de détresse, de tristesse, et ont tenté de la relever à plusieurs reprises. L’éléphant ressent donc des émotions et il les exprime, il ressent la détresse de ses congénères et cesse même parfois de boire ou de s’alimenter si l’un d’eux décède. C’est là la preuve de sa grande intelligence émotionnelle, et d’un cœur au moins aussi gros que lui.
Mais ce n’est pas tout, car une expérience, menée au Kenya en pleine nature, a dévoilé une part encore insoupçonnée de son intelligence, cette fois-ci cognitive, c’est-à-dire sa capacité à raisonner et résoudre des problèmes. Les chercheurs ont fait écouter à des éléphants la phrase « Regarde, regarde, un troupeau d’éléphants ! ». Elle était prononcée par des Massaïs, des bergers qui entrent parfois en conflit avec les éléphants pour protéger leur troupeau, ou alors par des Kambas qui sont des agriculteurs kenyans qui ne représentent pas de menace pour les pachydermes. Si la phrase était prononcée par un homme massaï, les éléphants montraient des signes de peur et se préparaient à se défendre, ce qui n’était pas le cas lorsque la phrase était prononcée en kamba, par les agriculteurs. Ainsi, les éléphants arrivent donc à faire la différence entre deux langues humaines ! Et à déterminer laquelle représente pour eux une menace potentielle. Incroyable non ? Je ne sais pas pour toi, mais moi je ne comprends pas un seul mot d’éléphant !
Plus étonnant encore, lorsque cette même phrase était prononcée en massaï par une femme ou un petit garçon, eh bien, ceux-ci ne montraient aucun signe d’inquiétude. Ils arrivaient donc à déterminer seulement à partir de la voix, si la personne était massaï ou kamba ; un homme ou une femme, ou encore un enfant. La preuve que ses grandes oreilles ne lui servent pas qu’à se rafraîchir !
La Rédaction