Espèces de bois exotique, exploitées aussi bien par l’industrie du bois que pour des usages usuels, le classement en novembre dernier du Padouk et du Doussié à l’annexe II de la Conférence des Parties de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), lors de la 19e convention qui s’est tenue au Panama divise les décideurs politiques et les scientifiques.
Au Gabon et dans les autres pays de colonisation des Padouk, Doussié (Afzelia) et Khaya, plus que 90 jours, avant l’entrée en vigueur de l’inscription de ces espèces à l’annexe II de la CITES. Dès l’entrée en vigueur de cette inscription, le commerce international des spécimens des espèces ne pourrait être autorisé qu’à condition des exploitants et traders de disposer d’un permis d’exportation, d’un certificat de réexportation, et d’un permis d’importation délivrés par l’Etat membre de l’UE ou des tiers.
La décision d’inscription de ces espèces à la CITES intervient dans un contexte de menace permanente qui pèse sur leur avenir. Si pour les autorités européennes l’enjeu est de pérenniser les espèces, pour Jean-Louis Doucet, Professeur à Gembloux Agro-Bio Tech à l’université de Liège en Belgique, ces « contraintes supplémentaires et non justifiées » ne s’expliquent pas. D’autant plus selon lui que si ces essences sont menacées et si leur commerce doit être réglementée, il convient de les identifier sur une base d’informations avérées, documentées et scientifiquement éprouvées. Or, un tel travail prend plusieurs mois de travail acharné.
De plus, note le Professeur, ces « contraintes » mettent en péril un secteur économique exploitant une ressource renouvelable, et favorisant indirectement l’utilisation de matériaux dont l’empreinte écologique est bien plus importante que celle du bois. Bien que le commerce ne soit pas interdit, pour le commerce du bois les impacts sont importants. Par ailleurs, cette décision pourrait faire face à plusieurs contingences, à l’exemple des barrières administratives lors de l’exportation et importation des essences classées.
Au Gabon par exemple, les autorités estiment que les Avis de Commerce Non Préjudiciable (ACNP) ne pourraient être publiables qu’à fin 2023. Un délai qui dépasse le délai de mise en œuvre de l’inscription qui doit intervenir dans 90 jours.
« Cette décision est décevante car si des mesures de gestion supplémentaires se justifient pour certaines espèces commerciales, les deux essences visées (padouk et doussié) ne devraient pas être concernées. Les cibles ont été mal choisies ! Les représentants des États européens rétorqueront qu’il suffit que les pays du Sud élaborent un avis de commerce non préjudiciable (ACNP)… Pas si facile car cela demande de longues procédures, impossibles à remplir dans les trois mois, période de transition au -delà de laquelle l’exportation de ces espèces sera interdite sans cette autorisation d’exportation », fait savoir le Professeur Jean-Louis Doucet.
Michael Moukouangui Moukala