Très sélective, l’exploitation forestière s’est durant longtemps, focalisée en Afrique centrale sur une dizaine d’espèces de bois. En 1998, pour pérenniser les populations de ces espèces forestières soumises à des pressions industrielles, l’Union internationale de la conservation de la nature (IUCN) a admis dans sa Liste Rouge, 21 espèces ligneuses. Près de 24 ans après, alors qu’aucune évaluation globale de ces essences n’est intervenue, l’Afrique centrale a lancé au Gabon, un atelier visant à proposer de nouveaux statuts de conservation de ces espèces.
Alors que l’exploitation forestière est particulièrement une activité ancienne en Afrique centrale, environ 90% de la production de bois repose sur une dizaine d’espèces. D’après l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) et ses partenaires, ces espèces sont ainsi soumises à une importante pression industrielle. Parmi elles, l’Okoumé, le Padouk, le Kevazingo, le Pao-Rosa, le Douka, l’Azobé, le Sapelli, le Tali-Sua pour ne citer que celles-là.
Au Gabon par exemple pour prendre le cas de l’Okoumé classée par l’IUCN dans la catégorie « Vulnérable », cela fait plus de 120 ans que l’essence est exploitée. Très prisée par les exploitants forestiers pour l’abondance de sa population, l’essence est utilisée dans la fabrication des contreplaqués, de planches, lattes, meubles, pirogues et bien d’autres. Dans les années 80, l’essence représentait 95% de la production forestière et 80 à 90% de la valeur des exportations du Gabon.
Si depuis, la situation économique de cette espèce forestière a beaucoup changé, celle-ci met cependant en exergue les menaces multiformes qui pèsent potentiellement sur cette espèce en raison notamment des facteurs variables. Cette situation est aussi valable pour les autres espèces, alors que de plus en plus, des exploitations illégales et les trafics tout aussi variés font leur apparition dans les pays du bassin du Congo, notamment en Afrique centrale.
Aussi, si en 1998, l’IUCN avait encadré l’usage de ces essences en les classant dans sa Liste Rouge, il reste que 24 ans après, la grande majorité de ces espèces forestières n’ont presque jamais connu de réévaluation de leur statut. A Libreville, au Gabon, à l’occasion d’un atelier organisé par l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN), les statuts de conservation de 21 espèces ligneuses exploitées en Afrique centrale sont révisés.
Selon Christian Tchemambela, Secrétaire Exécutif de l’ANPN, « cet atelier vient marquer l’aboutissement d’un projet d’une importance capitale en vue de l’exploitation durable de nos essences forestières ». Il s’agit, selon lui, du projet intitulé « Actualisation du statut de vulnérabilité des espèces ligneuses exploitées en Afrique centrale ». Soit le projet « Vulnérabilité ». En effet, explique-t-il, le projet « Vulnérabilité » a été financé par le Programme de Promotion de l’exploitation Certifié des Forêts de la Comifac et le Laboratoire Gembloux Agro-Bio Tech de l’Université de Liège en Belgique. Ce projet a été mis en œuvre par l’Association à but non lucratif Nature+ et le laboratoire Gembloux Agro-Bio Tech en collaboration avec l’Association Technique internationale des Bois tropicaux (Atibt), la section Afrique du Missouri Botanical Garden, l’ANPN et les bureaux d’études TEREA, FRMi et Sylv Africa.
La révision de ces statuts est d’autant plus importante que d’après le Pr Jean-Louis Doucet, Responsable Foresterie tropicale du laboratoire Gembloux Agro-Bio Tech de l’Université de Liège en Belgique, le commerce des espèces menacées, notamment celles classées dans la Liste Rouge de l’IUCN peut faire l’objet des campagnes de boycott dans certains pays européens. Des campagnes non justifiées selon le Professeur et qui ne tiennent sur aucune base scientifique. Se voulant être une réponse à l’actualisation des statuts de la Liste Rouge des espèces ligneuses de l’IUCN, cet atelier se déroule à l’issue d’une année de travail acharné ayant impliqué des experts en modélisation et en écologie forestière pour une meilleur compréhension des forêts de la sous-région.
A Libreville, a fait remarquer Michelle Ngwapaza épouse Mendong, directrice générale adjointe de la Faune et des Aires protégées, « tous les regards sont tournés vers les travaux qui nous réunissent aujourd’hui et ce jusqu’au 09 décembre. Les résultats qui en découleront seront partagés avec les administrations compétentes, les organes de gestion et autorités scientifiques CITES ainsi que toutes les institutions parties prenantes de ce processus ».
Michaël Moukouangui Moukala