De moins en moins présentes dans les villages au Gabon, les femmes bénéficient à minima, des projets de développement destinés à les autonomiser. C’est le constat dressé par Olivier Ondo Assame, Coordonnateur du projet Gestion de la Faune et des Conflits Homme-Eléphant (GeFaCHE) financé par le Fonds pour l’Environnement Mondial à travers la Banque mondiale.
Si les femmes jouent et ont toujours joué un rôle prépondérant dans la socialisation de la société gabonaise, dans les villages, elles tendent à être désormais moins présentes. C’est le constat dressé par Olivier Ondo Assame qui faisait hier, jeudi 1er décembre, le bilan du déploiement du projet GeFaCHE dans le sud du Gabon.
Selon son constat : « les femmes sont de moins en moins présentes dans les villages. » A ce sujet ses statistiques sont formelles, 47% des femmes sont encore présentes dans les villages gabonais. Conséquence de cette sous-représentation, lorsque des projets sont implémentés dans les villages, elles en profitent peu au détriment des hommes.
Quoique circonscrit à quelques provinces, ce basculement conforte des vieilles données de l’ONG Agir pour le genre qui, en 2018, évaluait à 27,64%, la population féminine encore présente en zone rurale. Si ces statistiques peuvent depuis avoir changé, cette catégorie sociale constitue un maillon essentiel dans la production des aliments cultivés, commercialisés et consommés au Gabon. Par ailleurs, en zones rurales, elles sont les piliers de la transformation, impactant positivement l’économie et le social.
Cette distanciation dans le genre au niveau rural est d’autant plus critique qu’on ne peut, pour reprendre la position de l’ONG Terre et Communauté (TrCom), entrevoir le développement rural sans le développement de certains pans de la société. En effet, les femmes qui jouent un rôle important dans cette possibilité ne sauraient être mises à l’écart, ne serait-ce que pour leur implication dans l’éclosion économique et sociale au sein des ruralités. Que ce soit au Gabon ou ailleurs, la femme est considérée comme un vecteur de développement.
Mais la désertification des villages gabonais sous l’effet de l’exode rural n’a pas laissé le choix aux femmes. A cela, s’ajoute l’effet de mimétisme qui touche et affecte de nombreuses femmes au Gabon qui refusent la vie dans les localités. Si le manque de certaines commodités de vie dans ces localités peut expliquer cette chute identitaire, il y a longtemps que la jeune fille gabonaise qui pourrait être la femme rurale de demain a abandonné l’idée de vivre dans une communauté rurale.
Ce constat qui décompose la réalité sociologique des villages gabonais peut à ce titre paraitre inquiétant pour l’avenir de la femme rural, quand on connait le rôle joué par cette dernière dans la pérennisation des savoirs ancestraux, notamment ceux liés à l’agriculture.
Perçu par l’organisation mondiale pour l’agriculture comme un pilier pour le développement économique et social, de nombreux facteurs peuvent expliquer cette situation. Parmi lesquels : la pauvreté et la difficulté des conditions de vie des populations en zone rurale qui poussent certaines femmes à opter pour les grands centres urbains.
Séraphin Lame