Avec la République du Congo, le Gabon est sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de 2030. Ces deux pays, qui ont réduit de 30 % et 28 % leur niveau de déforestation, servent d’exemple dans une région du Bassin du Congo où la déforestation a augmenté de 5% en 2021.
La Forest Declaration Assessment, un processus continu et collaboratif réalisé collectivement par des organisations de la société civile et des chercheurs vient de publier son évaluation 2021 sur la déforestation au sein de la région du Bassin du Congo qui abrite la deuxième plus grande forêt tropicale au monde et l’une des zones les plus riches en termes de biodiversité.
Sur les six pays composant cette région, deux parmi eux, la République du Congo et le Gabon, se démarquent en termes de lutte contre la déforestation. En passe d’atteindre les objectifs de 2030 consacrés à la lutte contre la déforestation, les deux pays ont respectivement réduit de 30 et 28%, le pourcentage de déforestation de leur forêt. Ces pays se démarquent dans un contexte sous-régional marqué par une emprise du phénomène de la déforestation à 5% au sein des autres pays de ce bloc forestier. Un échec selon les auteurs de l’évaluation dans la mise en branle des engagements de Glasgow relatifs à la Déclaration des dirigeants sur les forêts et l’utilisation des terres, par laquelle il avait été décidé de stopper et inverser la déforestation d’ici 2030.
Si pour le Dr. Marion Ferrat, Consultante senior chez Climate Focus et auteure principale du rapport, « la déforestation a été faible par rapport à d’autres régions tropicales », les défis liés à la préservation de la biodiversité, le climat et les populations sont bien réels au sein des six pays composant le bloc forestier du Bassin du Congo.
A ces défis, se greffent, les facteurs sous-jacents de ce basculement des territoires forestiers. L’agriculture de subsistance des petits exploitants dans les zones rurales, la construction des routes et d’implantations humaines constituent les principaux moteurs de la déforestation et de la dégradation des forêts dans le bassin du Congo, tandis que les activités industrielles, telles que l’exploitation minière, l’exploitation forestière et l’agriculture commerciale menacent d’aggraver cette situation.
Alors que les forêts de la région contiennent d’important puits de carbone restant au monde sous les tropiques, capable d’éliminer 0,61 gigatonnes nettes d’équivalents de dioxyde de carbone (GtCO2e) par an, soit près de six fois la capacité d’élimination des forêts du bassin amazonien sur seulement 60 % de cette superficie, les auteurs du rapport interpellent sur la nécessité d’une prise de conscience collective mondiale pour préserver ce territoire forestier. Cette interpellation passe notamment par le respect des engagements internationaux dans la lutte contre la déforestation et la mise en place des politiques nationales plus résilientes.
La question financière étant au centre des attentes, estime Marie Tamoifo Nkom, coordinatrice sous‐ régionale du REJEFAC, « les gouvernements, les communautés locales et la société civile de la région doivent être soutenus afin de garantir un développement économique qui s’effectue pendant que les forêts sont gérées et protégées de manière durable. »
Ce soutien peut-être plus élargi, quand on sait que le processus REDD+ – l’initiative de conservation des Nations Unies qui est élaborée dans le but d’inclure les communautés forestières dans le travail et le financement – depuis sa création a montré des signes de faiblesses.
Ainsi, note le directeur exécutif d’ACB-ONG, François Makoloh, « les pays donateurs, le secteur privé et les actions philanthropiques doivent œuvrer de concert afin d’assurer la longévité de ces forêts et leur survie pour les générations futures » car selon lui, « les gouvernements et les organisations de base de la région ne peuvent fournir à eux seuls les investissements et les ressources nécessaires afin de renforcer la gouvernance forestière, d’améliorer l’application de la loi, et de sécuriser et protéger les droits fonciers des communautés locales ».
Michaël Moukouangui Moukala