Maire de la Commune de Lomé Golfe 3 au Togo et Vice-président du Fonds mondial de développement des villes (FMDV), Kamal Adjayi appelle à l’appropriation, au niveau continental, d’un modèle d’habitat « décomplexé », fait à partir des matériaux résilients, moins coûteux et dans un cadre écologiquement aménagé.
C’est lors de la Semaine africaine du Climat (ACW 2022) que le Gabon a accueilli il y a quelques semaines que nous avons rencontré Kamal Adjayi, Maire de la Commune de Lomé Golfe au Togo et Vice-président du Fonds mondial de développement des villes (FMDV). Panéliste sur la thématique « Développement durable », notre rédaction a notamment été attentionnée aux idées innovantes de construction et d’aménagement urbain développées et soutenues par ce dernier et ses pairs.
Alors que la population africaine est en constante augmentation, ce dernier estime qu’il est important de penser, dans un élan de développement durable, les modèles de développement de ville du continent. « Nous devons penser que nos actions, aujourd’hui, doivent être de nature à offrir de meilleures conditions aux générations futures. À cet effet, nous devons repenser nos manières de construire, les matériaux de construction que nous utilisons pour construire, l’occupation spatiale du domaine, de la terre, pour que les choses soient faites d’une manière bien coordonnée », a fait savoir Kamal Adjayi.
Pour le Maire de la Commune de Lomé Golfe 3, la question de l’urbanisation des villes africaines est aujourd’hui pressente au vu des facteurs de changements auxquels il faut s’adapter. Parmi ces facteurs, comme citer en amont, l’augmentation de la population urbaine des villes, la gestion des flux, l’assainissement, la gestion des ordures, le développement des espaces verts ou des zones de confort écologique. « Quand je prends le cas de ma ville, Le Grand-Lomé qui était d’une population d’à peine 1 million d’habitants il y a quelques années. Aujourd’hui, nous sommes à 2 à 3 millions d’habitants avec tous les défis en matière d’amélioration du cadre de vie que cette augmentation comporte », fait-il remarquer.
Ces prévisions sont en phase avec les perspectives attendues de développement du continent. En effet, si pour les organismes tels que la Banque africaine de développement (BAD), l’urbanisation est le phénomène qui va transformer le plus profondément le continent africain au XXIe siècle. Le doublement du nombre des villes du continent depuis 1990 n’est pas une donnée à prendre à la légère, puisqu’il devrait se caractériser par des défis majeurs. Avec la transition urbaine en cours, la majorité des Africains devraient résider en milieu urbain à l’horizon 2035. Dans plusieurs pays, l’urbanisation sauvage pourrait entraîner un triplement de la population des bidonvilles à l’horizon 2050.
La mise en place des politiques résilientes de développement urbain sera plus que bénéfique pour anticiper les conséquences dues à des crises démographiques au sein des pays. « La définition des politiques au niveau des gouvernements et des acteurs locaux sera très importante. En établissant et découpant les quartiers, il faut qu’il y ait la prévision des espaces de vie commune comme la pose des domaines publics qui offrent la possibilité de créer des écoles, des centres d’enfouissement, des infrastructures qui améliorent le cadre de vie de la communauté », ajoute le Maire.
Confronté à un problème de « priorités » et des « ressources », notamment financière, comment le continent parviendra-t-il à répondre à ces impératifs de développement. La question se pose avec acuité, d’autant plus que « le peu de ressources que nous avons dû pouvoir permettre d’avancer de manière sereine sur tous les challenges qui sont les nôtres, notamment l’ambition des défis climatiques et celle des conditions de vie des populations. »
L’apport du secteur privé pourrait être, selon le Maire, d’un apport considérable dans cette transition urbaine.
Michaël Moukouangui Moukala