Enjeu de lutte contre les changements climatiques, la finance climatique est au cœur des défis des échanges de la Semaine africaine du Climat (ACW) 2022 qui se tient actuellement à Libreville, au Gabon. Si la question tend à se décomplexer au vue de quelques efforts, elle demeure pour les pays africains une priorité de premier ordre.
Il ne pourrait y avoir de transition verte encore moins de lutte contre les changements climatiques sans une évolution de la question financière, qui doit se matérialiser par les implications des plus gros pollueurs de la planète au titre de leur compensation carbone. A la Semaine africaine du Climat (ACW) 2022 qui doit s’achever ce vendredi 2 septembre, c’est la position qui se dégage des échanges de tous les panels.
Reconnus pour leurs services écosystémiques nécessaires à l’humanité, les pays du continent appellent les pays développés à respecter les engagements Copenhague de 2009, réactualisés en 2015 lors de la COP21 de Paris puis tout récemment, en 2021 lors de la COP26 de Glasgow. Pour Sameh Shoukry, président désigné de la COP27 qui se tiendra en novembre prochain en Egypte, le respect de cet engagement peut permettre de mettre fin à l’« injustice climatique » qui règne actuellement dans le monde qui fait qu’avec le peu de ses moyens financiers, l’Afrique soit obligée, de dépenser environ 2 à 3 % de son PIB par an pour s’adapter aux impacts des changements climatiques quand le continent n’est responsable que de 4% des émission de carbones.
« Les gouvernements africains et toutes les autres voix africaines, de la société civile, des jeunes, des groupes de femmes, des agriculteurs, des travailleurs, des universités et du secteur privé africain florissant, devraient tous continuer à appeler à une justice climatique fondée sur l’équité et la disponibilité de moyens de mise en œuvre, et guidés par le principe des responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives », a fait savoir lundi 29 août, Sameh Shoukry lors du lancement de cette semaine.
Depuis 2009 en effet, les pays développés se sont engagés à mobiliser collectivement 100 milliards de dollars chaque année jusqu’en 2020 pour l’action climatique dans les pays en voie de développement. En 2015, suite à l’Accord de Paris sur le climat, l’année de maturité a été revue à la hausse de 5 ans, jusqu’en 2025. Cependant, les volumes de financements climatiques annuels depuis 2015 ont été inférieurs à 100 milliards de dollars tel qu’indiqué.
En conséquence, les flux de financements climatiques vers les pays africains n’ont que légèrement augmenté depuis 2015. La part de l’Afrique dans les flux mondiaux de financement climatique est passée de 23% (entre 2010 et 2015) à 26% (entre 2016 et 2019), observant une augmentation de seulement 3%. Entre 2016 et 2019, les pays africains ont reçu environ 73 milliards de dollars de financement lié au climat, avec une moyenne annuelle d’environ 18 milliards de dollars.
Cet effort ne répond cependant pas aux besoins des pays africains, car les coûts d’adaptation entre 2020 et 2030 seulement varient entre 259 et 407 milliards de dollars, ce qui représente un besoin annuel moyen compris entre 26 et 41 milliards de dollars. Quant aux besoins d’atténuation, ils sont estimés à environ 715 milliards de dollars au cours de la même période, soit une moyenne d’environ 71,5 milliards de dollars par an.
Parallèlement, les coûts prévus des pertes et dommages pour l’Afrique entre 2020 et 2030 vont de 289,2 à 440,5 milliards dollars dans les scénarios de réchauffement faible et élevé (moins de 2 degrés et plus de 4 degrés d’augmentation respectivement de la température moyenne mondiale). Cela représente un besoin annuel pour les pertes et dommages allant de 28,9 à 44 milliards de dollars.
Malgré la mise en place des nouveaux mécanismes de financement et les assurances d’accompagnement du Système des Nations unies en direction des pays en développement dont Africains, la mobilisation des fonds nécessaires à la lutte contre les changement climatiques demeure une préoccupation qui cristallise les attentions lors de la Semaine africaine du Climat que le Gabon abrite depuis lundi 29 août 2022.
Michaël Moukouangui Moukala