Après plusieurs mois d’accalmie signe d’une significative évolution de leurs revendications, le Syndicat national des Ecogardes du Gabon (SYNEG) veut profiter de la fenêtre du One Forest Summit que le Gabon accueille dans quelques jours, pour faire entendre sa voix. Seulement, cette annonce de grève est frappée du sceau du vice de procédure, au regard de la non-conformité de la lettre annonçant le préavis de grève suivant les textes en vigueur en matière de grève au Gabon. Ce qui soulève des questions.
Le Gabon va accueillir les 1er et 2 mars prochain, le One Forest Summit qu’il organisera avec la France. A l’occasion, Libreville sera le temps de deux jours, la capitale des grands échanges sur les préoccupations de l’heure telles que la perte de la biodiversité, la pollution des écosystèmes et l’augmentation des températures terrestres. L’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) dont la mission primordiale est de veiller à la conservation des écosystèmes naturels sera bien présente, notamment à travers son Secrétariat exécutif. De leur côté, les Ecogardes, plutôt que de capitaliser sur cet événement majeur pour créer des fenêtres d’opportunités, ont décidé le 1er mars, jour de l’ouverture des débats à l’occasion de ce sommet, de rentrer en grève générale illimité sur l’ensemble des treize parcs nationaux ainsi que les aires protégées.
Revendications…
Les « gardiens de la forêt » réclament l’assurance complémentaire pour tous, l’audit physique du personnel de l’ANPN, la délégation des délégués du personnel au sein de l’agence et celui du statut de l’Ecogarde. Si certains de ces points font l’objet d’une mobilisation sans précédent de l’administration de l’ANPN, il y a que le SYNEG, à apprécier sa note de préavis de grève, souhaite l’aboutissement dans l’immédiat de ces points. Ce qui est en opposition avec les règles de gestion des dossiers au sein des administrations que l’on soit au Gabon ou ailleurs. Cette opposition est d’autant plus plausible qu’elle se lit par la violation, par le syndicat, des règles régissant les délais requis pour la tenue d’une grève quelle que soit sa forme au Gabon.
Une grève frappée de vice de procédure
En effet, rédigé le 20 février dernier, ce n’est que le 24 du même mois que le Secrétariat Exécutif de l’agence a été informé de la tenue d’une grève. Ce que déboute le Secrétariat exécutif de l’ANPN qui fait constater à son partenaire que les délais de préavis pour ce qui est des établissements publics, est de huit jours. Or, dans le présent cas d’annonce de grève générale illimitée, le SYNEG but en touche. Le 1er mars, en actant leur dessein de grève, les syndicalistes seraient en porte à faux avec la loi dont ils font référence dans leur note.
Une gouvernance préoccupée par la situation des Ecogardes
Au-delà des considérations contextuelles, il faut dire que depuis quelques temps, l’ANPN jouit d’une stable gouvernance qui se caractérise par une régularité dans le paiement des salaires, notamment ceux des Ecogardes. Pour preuve, cette semaine, d’après des sources en interne, les agents de l’agence percevront leur salaire. Ce qui soulève des interrogations sur les motivations de la tenue d’une telle grève. A l’ANPN, apprend-on d’une source digne de foi, on travaille par ailleurs à redresser la maison. L’audit tant revendiqué, l’assurance maladie (y compris l’assurance maladie complémentaire) et bien d’autres revendications sont en cours d’évacuation. Avec des partenaires publics et privés au niveau national et international, le Secrétariat Exécutif travaille à faire conjuguer au passé, certaines faiblesses. C’est le cas avec les arriérés de cotisations CNSS qui, après des démarches (en cours) auprès des services du Trésor public seront payés par l’administration centrale dans le cadre de la dette intérieur de l’Etat. Celles de 2013 à 2020 étant déjà pris en charges, il ne reste plus que celles de 2021. « Ces cotisations n’étaient pas payées parce que les fonds que nous recevons de l’Etat étaient insuffisants pour prendre en charge les cotisations CNSS », note une source proche de l’ANPN. « Les démarches sont certes lentes, mais elles suivent leur cours. Une convention pour l’audit a été introduite et validée auprès d’un partenaire. Tout comme l’assurance maladie dont un partenariat est en cours de négociation avec la Norvège », ajoute une autre source.
2022 : année de résolution des problèmes
Si les années 2020 et 2021 ont particulièrement été marquée par une forte mobilisation des Ecogardes notamment en termes de revendications, en 2022, le Secrétariat Exécutif s’est employé non seulement à harmoniser ses positions avec ses partenaires tout en s’inscrivant dans une posture de recherche de solution, tant en ce qui concerne la régularité dans le paiement des salaires que la quête de solutions en ce qui concerne les points tels que ceux liés à la couverture d’assurance maladie. Conséquence, depuis plusieurs mois, les Ecogardes et tous les agents de l’ANPN ne connaissent des situations de non-paiement de salaire. Bien plus, en décembre dernier, après sept ans d’interruption, l’ANPN a renoué avec l’arbre de noël. Un effort qui caractérise la volonté des garants de la gestion de l’entité d’apporter de la joie et du bonheur dans la vie des agents. Quid des 53 Ecogardes primés le même mois à l’occasion de l’initiative « C’est le Gabon qui Gagne » initiée par le Secrétariat Exécutif, en reconnaissance du bon comportement et du dépassement de soi des Ecogardes dans l’exercice de leur fonction ?
ANPN, Politique et manipulation du SYNEG ?
Pour qui roule le SYNEG, un syndicat dont la naissance avait été plus que saluée au départ ? Si la question est posée, c’est parce que depuis quelque temps, les grèves de ce syndicat ont plus des allures d’une cabale contre x que tout autre. Pour preuve, loin des caméras des médias, dans les couloirs des infortunées bâtisses, nombreux sont ceux qui reconnaissent les efforts consentis par la hiérarchie actuelle de l’ANPN pour « sauver la maison ». La question des salaires est notamment le point de concordance. Mais curieusement, dans leur érectile dessein de nuire à l’action de Christian Tchemambela et ses collaborateurs, Sosthène Ndong Engonga, le Secrétaire général du SYNEG, employé au sein de l’ANPN en qualité de Chauffeur-Logisticien donc, ne bénéficiant pas du statut internet d’Ecogarde semble visiblement bénéficié des soutiens obscurs pour balayer d’un revers de la main tous ces efforts. Une bien mauvaise conscience qui démasque les desseins sombres de l’homme et de ses partisans de lutte. Or l’ANPN étant un corps paramilitaire, les Ecogardes ne peuvent se permettre certains égarements. La question qu’il sied de se pose est celle de savoir à qui profite cette cabale du SYNEG ? La question étant posée, à chacun de se faire son opinion!
Séraphin Lame